Lettre à mes ami·e·s d’extrême-centre

Ça arrive à tout le monde de se tromper, ce n’est pas grave, mais il est encore temps de réagir

J’ai bien moi-même cru au PS à une époque, c’est dire !

Oui, j’ai très bons amis qui votent extrême-centre, que celui-ci s’appelle Macron, ou LREM ou Renaissance, et c’est surtout à elleux que ce texte d’adresse.

Chers très bons amis, chères très bonnes amies, j’espère sincèrement du fond du cœur que vous regrettez amèrement. Que vous ayez cru à son discours, à son « projet » en 2017, je peux tout à fait le comprendre, surtout que le choix n’était pas terrible après l’immense gâchis de Hollande et le scandale Fillon. Que vous ayez continué à le soutenir en 2022, je me l’explique déjà moins, mais alors que vous repreniez aujourd’hui son discours scandaleux sur « les extrêmes se valent », contribuant à mettre sur le même plan d’un côté une coalition de tous les partis de gauche et de l’autre le parti du « détail de l’histoire », le parti fondé par des Waffen SS, le parti qui toujours aujourd’hui compte parmi ses membres des racistes notoires et totalement décomplexés, là ça me rend carrément dingue. C’est Macron qui balance de l’huile sur les braises de la guerre civile !

71% des électeurs et électrices de cet extrême-centre préfèrent désormais « faire barrage » à l’union de la gauche plutôt qu’au RN. Cette seule phrase ahurissante résume les 7 ans de gouvernance Macron. Quand la gauche, lors de 3 élections présidentielles mais aussi régulièrement lors d’autres élections, a accepté de voter à droite pour éviter d’offrir le pouvoir à l’extrême-droite, voilà que tranquillement ce qui reste de l’électorat de Macron, déclare que le danger, c’est la gauche. Quelle infamie !

Macron n’a fait que détruire, en commençant par la fraternité. Il a délégitimé et humilié les corps intermédiaires, il a abandonné les travailleurs et travailleuses en détruisant le code du travail, en rendant bien plus lucratif les rendements du capital que les rendements du travail (pour quelqu’un qui prétend défendre la « valeur travail », c’est cocasse), il a multiplié les parodies de concertations (ah, le fameux grand débat) pour s’assoir sur toutes les décisions collectives, il a laissé s’aggraver la situation des banlieues opprimées (ah, le fameux plan Borloo enterré plus vite qu’un retournement de veste de Valls), il a affirmé vouloir faire du féminisme la grande cause de son quinquennat mais a laissé Darmanin en poste, n’a jamais rien fait contre les féminicides, il a criminalisé toute contestation en étant systématiquement responsable de l’escalade de la violence, que ce soit contre les gilets jaunes ou contre les écologistes, même lors de manifestations les plus pacifiques comme celle contre l’anniversaire des 100 ans de Total.

Macron a gouverné avec comme seule boussole le mépris de classe permanent, la déconnexion avec la vie quotidienne, il a manipulé la loi de 1905 pourtant si vitale pour la France, détruisant à la fois les libertés religieuses et laissant le champ libre aux intégristes, en particulier ceux de l’Islam qui sont devenus, aux yeux de tous ceux et toutes celles que la République macronienne humilie au quotidien, des héros et des résistants. Il a évidemment déserté le combat pour le climat et la biodiversité, se cachant derrière des grands mots, des grandes annonces, sans cesse trahies.

La liste est trop longue et pour s’arracher les cheveux de désespoir devant tant de « grands chocs » promis, de renoncements, je vous invite à aller consulter ce site : https://rappelez-vous.org/ mais vous ne pouvez plus le nier : c’est cette pratique du pouvoir qui a décuplé la rancœur et ouvert grandes les portes de l’Assemblée Nationale au RN.

https://reporterre.net/Violentees-lors-de-l-AG-de-Total-des-militantes-portent-plainte-contre-la-police

Votre champion rejoindra vite les poubelles de l’histoire. Il rejoindra la cohorte des dirigeants que les historiens et historiennes décriront comme fanatiques et au service d’une caste plutôt que du bien commun. Macron, c’est la violence, la violence sociale, la violence physique, la violence financière, la violence symbolique.

J’en veux à Macron et sa bande bien sûr, mais, les yeux dans les yeux, comment avez-vous pu laissé faire ça ? Comment avez-vous pu accepter cette destruction de la République ? Est-ce juste parce que vous, vous étiez dans la bonne charrette, celle des gens qui n’ont rien à craindre, celle des gens qui ne se font pas taper dessus, qui peuvent continuer à s’exprimer, celle des gens qui n’ont pas à se battre pour leur pain quotidien ?

La colère est mauvaise conseillère. Je veux continuer à faire campagne pour le NFP ( et tous ses innombrables défauts, oui, je sais, mais au moins, nous, on en est conscient) en mettant de l’amour, de la solidarité, de l’optimisme, dans mon bulletin de vote. Je veux que nous proposions un monde désirable.

Mais franchement, parce que vous êtes mes amis, je veux quand même qu’on en rediscute autour d’un café après la campagne, si le RN auquel vous avez si formidablement fait la courte échelle, nous en laisse encore la possibilité.

https://www.amisdelaterre.org/construire-mouvement-populaire-ecologie-antifasciste/

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